Anguille d’Europe

La faune et la flore

Anguille d’Europe (crédit photo : A. BAISEZ)

Biologie/écologie

L’Anguille d’Europe ou Anguille commune (Anguilla anguilla) est une habitante emblématique de nos marais qui appartient à la famille des Anguillidés. Cette espèce migratrice longtemps considérée comme nuisible est aujourd’hui en forte régression, en France comme sur l’ensemble de son aire de répartition.

C’est un grand migrateur, et plus précisément un migrateur amphihalin (au cours de sa vie l’anguille va passer par des milieux présentant différents taux de salinité, ici de la mer vers l’eau douce puis à nouveau vers la mer), thalassotoque (qui se reproduit en mer) et catadrome (qui après une période de croissance dans un cours d’eau regagne la mer). Ce poisson a une grande longévité. En effet, dans la nature, l’Anguille d’Europe atteint en moyenne 20 ans et, en captivité, 50 ans.

Toutes ces caractéristiques font de l’Anguille d’Europe une espèce unique au monde

C’est au large de la Floride, en mer des Sargasses, que naissent toutes les Anguilles d’Europe. Les larves, portées par le courant du Gulf Stream,  arrivent chaque année sur les côtes européennes après une migration de plusieurs milliers de kilomètres qui dure 7 à 9 mois. Métamorphosées en civelles puis en anguillettes, elles colonisent les bassins versants. Après une phase de croissance en rivière de 3 à 18 ans, l’anguille jaune se métamorphose en anguille argentée prête à rejoindre la mer des Sargasses pour se reproduire.

Beaucoup de milieux aquatiques peuvent être colonisés, l’anguille vivant aussi bien en eau salée qu’en eau douce et tolérant dans une certaine mesure l’envasement ou les faibles taux d’oxygénation. Carnivore, son régime alimentaire est très varié : vers, crustacés, insectes, poissons.

Les marais salants/salés sont des milieux particulièrement favorables car en contact régulier avec l’océan, ils sont les premiers à être colonisés par les civelles et les anguillettes. Les densités y sont importantes et la croissance rapide.

 [Cycle biologique l’anguille européenne (Source : LOGRAMI)]

 

Statut de protection et de conservation

Considérée comme en danger critique d’extinction, elle fait l’objet depuis 2007 d’un plan européen de sauvegarde imposant aux états membres de la Communauté Européenne des mesures de gestion par bassin versant (quotas de pêche : quantité et période). Elle est inscrite à l’annexe II de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction fixant des règles de protection face à la surexploitation.

Malgré son statut de conservation très défavorable et sa forte valeur patrimoniale, l’anguille n’est pas inscrite à la directive Habitats, Faune, Flore.

Répartition et état des populations sur les sites Natura 2000

L’anguille est sans doute bien représentée sur l’ensemble des réseaux hydrauliques et des marais des 3 sites Natura 2000, sans pouvoir en estimer les densités et l’évolution des populations.

Objectifs de conservation / menaces / actions prévues dans le LIFE

Plusieurs menaces contribuent à la baisse des effectifs de l’anguille :

  • Les obstacles aux migrations (barrages, écluses,…) : le poisson se heurte à de plus en plus d’obstacles qui freinent sa migration. C’est un constat catastrophique car la migration des anguilles est essentielle à sa reproduction.
  • La surpêche et le braconnage : depuis les années 80, l’espèce a connu une chute importante de sa population. D’après les recherches, la cause principale serait la surpêche et le braconnage. Au stade de « civelles », c’est-à-dire d’alevins, le poisson est un « met d’exception » très prisé par la haute gastronomie. Le prix élevé de la civelle entraine un braconnage intensif de l’espèce, notamment dans les marais côtiers de la Bretagne Sud à la Charente.
  • La pollution : La contamination des cours d’eau douce en Europe est un grave problème, notamment à cause de la présence de plomb qui contient de l’arsenic et de l’antimoine.
  • La disparition des zones humides et donc de son habitat.
  • La pollution lumineuse : Les scientifiques ont démontré que ce poisson est très sensible à la lumière ; son activité est par conséquent plutôt nocturne. Mais cette sensibilité est aussi un danger, notamment lors de la dévalaison, c’est-à-dire lorsqu’elle descend les cours d’eau pour rejoindre la mer. Durant cette période, l’anguille est gênée par la pollution lumineuse présente près des berges, des écluses ou des ponts.
  • Le parasitisme : depuis les années 80, des aquaculteurs allemands auraient importés des « anguilles japonaises ». Quelques années ont suffi pour qu’un ver parasite se développe et nuise à l’Anguille d’Europe. Ce ver marin (Anguillicola crassus), originaire d’Asie, colonise la cavité abdominale de l’anguille et vient se fixer dans la vessie natatoire du poisson : il serait l’une des principales causes du déclin de l’espèce.

Curage de fossé. Travaux LIFE 2019 – SAH 2019

Le facteur principal pour la conservation de l’anguille dans les marais est de faciliter leur accessibilité.

Les travaux de restauration réalisés sur certains sites pilotes dans le cadre du LIFE Sallina prendront en compte cet enjeu, par le remplacement d’ouvrages et la mise en place d’une gestion hydraulique facilitant la circulation des poissons. Le programme LIFE Sallina contribuera aussi, à son échelle, à la sauvegarde de l’anguille grâce aux actions de curage et de réhabilitation des bassins. Ces opérations conjuguées favorisent la circulation de l’eau et donc des espèces migratrices comme l’anguille.

Un suivi de la fréquentation piscicole sur le site pilote de Doridon, et notamment de l’anguille permettra d’évaluer la pertinence de ces aménagements.

Une information sera également diffusée auprès des gestionnaires et exploitants de marais pour les sensibiliser à l’espèce.