Campagnol amphibie

La faune et la flore

Campagnol amphibie (Crédit photo : Valentin Grasset, CCIN)

Biologie/écologie

Le Campagnol amphibie ou rat d’eau (Arvicola sapidus) est un mammifère de la famille des cricétidés (comme le hamster, les campagnols). Il est le plus grand des campagnols, pour un poids compris entre 140 et 300g. Il se caractérise par une longue queue couverte de poils et des oreilles courtes peu visibles dans son pelage foncé ; ces deux critères permettent de le distinguer du Rat surmulot.

Sa répartition mondiale est très restreinte puisqu’elle concerne seulement la péninsule ibérique et la France, hormis la Corse et les franges Est et Nord du pays.

Il colonise tout type de milieux aquatiques naturels ou artificiels, doux ou salés, jusqu’à 2000 m d’altitude. L’élément clé de son installation est la présence d’une végétation riveraine dense et haute (roselières,  herbacées) au sein de laquelle il va pouvoir se déplacer en restant à l’abri. Il tolère mal les fortes variations de niveau d’eau. Il se réfugie dans un terrier creusé dans la berge et, plus rarement, peut constituer un nid formé de fragments végétaux.

Essentiellement herbivore, il constitue des « réfectoires », où il dépose des fragments de végétaux qu’il découpe.

Il est actif toute l’année, aussi bien de jour comme de nuit. Son espérance de vie serait de 2 à 4 ans. En France, la reproduction a lieu entre avril et octobre, la durée de gestation étant estimée à 21 jours. Plusieurs portées de 2 à 8 jeunes sont réalisées par an.

Le Campagnol amphibie vit généralement en colonie de quelques individus cantonnés sur un site dont la taille ne dépasse pas quelques centaines de mètres en milieu linéaire et quelques milliers de m² pour les marais.

En zone de marais, notamment en marais salés, les milieux favorables sont souvent très éloignés les uns des autres. Cette distribution en mosaïque limite les échanges entre groupes, même si les individus sont capables de se déplacer sur de longues distances en milieux hostiles.

Furtif, il est difficile à observer ; les mangeoires et crottiers, constitués de crottes vert foncé caractéristiques, qu’il dispose le long des berges sont les meilleurs indices de sa présence.

Milieu favorable au Campagnol amphibie  (Crédit photo : CCIN) 

Statut de protection et de conservation

L’espèce est inscrite sur les listes rouges mondiale et européenne des espèces menacées où elle est classée « Vulnérable ». Par manque de données suffisantes, elle est considérée en France avec un statut moins fort, « quasi-menacée », où elle n’est protégée que depuis 2012. Sa répartition à l’échelle nationale ne semble pas avoir beaucoup évolué, mais la densité des populations et le nombre de sites favorables ont fortement diminué en quelques dizaines d’années.

Le Campagnol amphibie n’est pas inscrit à la directive Habitats Faune Flore. Toutefois, sa répartition mondiale très restreinte, en fait une espèce à forte valeur patrimoniale.

Répartition et état des populations sur les sites Natura 2000

En Vendée, le Campagnol amphibie est présent dans le Marais breton, sans pouvoir en connaître sa répartition ; au vu de l’état des végétations rivulaires il est sans doute plus présent dans le marais doux qu’en marais salés.

Sur l’île de Noirmoutier, il est observé en périphérie du site Natura 2000, mais également en marais salés au sein des mares ou marais abandonnés comportant des bordures de roseaux, joncs ou scirpes.

Les populations y sont notamment très denses dans la Réserve Naturelle Régionale du Polder de Sébastopol.

Dans les marais de Guérande et du Mès, sa présence est seulement attestée dans certains fossés de ceintures ou sur quelques mares au milieu du marais. Cette situation restreint fortement sa répartition.

Actuellement, la situation est qualifiée de stable à décroissante.

Objectifs de conservation / menaces / actions prévues dans le LIFE

Le Campagnol amphibie est essentiellement menacé par la disparition de ses habitats, notamment  l’entretien ou la destruction des végétations rivulaires essentiellement par le pâturage.

Le Ragondin et le Rat musqué, entrent en compétition avec le campagnol. Par ailleurs, les campagnes d’empoisonnement de ces espèces invasives ont également impacté ses populations.

Mal connu et souvent confondu avec un rat, des campagnes de sensibilisation auprès des piégeurs du Marais breton ont été réalisées afin d’éviter la destruction des individus capturés.

Aucune action spécifique n’est prévue dans le LIFE. Cependant, dans le cadre de l’étude sur le Leste à grands stigmas, un état de présence du campagnol sera conjointement réalisé au niveau des scirpaies, habitat favorable à l’espèce. Par ailleurs, l’étude menée sur les fossés de ceinture des marais de Guérande et du Mès a permis de mettre en évidence la présence du Campagnol amphibie, jusque-là inconnu dans ces fossés. Enfin, les travaux de restauration réalisés dans le cadre du LIFE Sallina prendront en compte la présence de l’espèce afin de garantir son maintien sur les secteurs où elle est présente.

Une information sera également diffusée auprès des agriculteurs et paludiers/sauniers dans le cadre des différents contrats MAE pour protéger les populations en place et conserver les milieux susceptibles d’être colonisés.