Leste à grands stigmas

La faune et la flore

Leste à grands stigmas (Crédit photo : CCIN)

Biologie/écologie

Le Leste à grands stigmas (Lestes macrostigma) est une libellule appartenant à la famille des  Lestidés dont elle est l’un des plus grands représentants en France. Cette demoiselle au corps fin et robuste est de couleur bleue. Elle se distingue pas ses « ptérostigmas », cellules sombres sur le haut de ailes. Comme son nom l’indique chez le Leste à grands stigmas, ces ptérostigmas sont longs jusqu’à couvrir 4 cellules, ce qui la différencie des autres espèces voisines comme le Leste barbare.

Cette espèce est, en France, connue sur le littoral atlantique et méditerranéen ainsi que celui de la Corse. Sur les territoires du LIFE, le Leste à grands stigmas est généralement localisés sur d’anciens marais salants. Ces marais ont conservé les formes initiales (bassin peu profond, plats, relief de diguettes, fond argileux) de leurs passés salicoles.

La ponte s’effectue principalement dans les tiges de Scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus) et occasionnellement de Jonc maritime (Juncus maritimus). Le Scirpe maritime est tolérant au sel dans le substrat. Les sites sont pour la plupart alimentés par de l’eau de pluie, le fonctionnement en impluvium garantissant le dessalement en hiver et un assec, assez tardif pour permettre l’émergence des adultes de mi-mai à fin juin. Les larves fréquentent donc principalement ces milieux d’eau saumâtre temporaires dont la salinité croît à mesure que l’évaporation estivale opère. Cette demoiselle est très rarement rencontrée en eau douce.

En France, sa période de vol s’étale de mai à août.

Le Leste à grands stigmas est un prédateur carnivore. Que ce soit durant la phase larvaire ou la phase adulte, son régime alimentaire se compose essentiellement d’insectes.

Emergence de lestes à grands stigmas (Crédit photo : Didier Desmots)

Statut de protection et de conservation

Bien que le Leste à grands stigmas ne soit pas protégé en France, ni inscrit à la directive Habitats, Faune, Flore, il n’en est pas moins une espèce à forte valeur patrimoniale.

L’espèce est inscrite sur la liste rouge européenne des espèces menacées où elle est classée « Vulnérable ».

L’espèce est également inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France où elle est classée « En danger ».

Le Leste à grands stigmas figure également parmi les espèces listées dans le Plan National d’Actions en faveur des Odonates (PNAO).

Répartition et état des populations sur les sites Natura 2000

En région Pays-de-la-Loire, la plus grande population est, aujourd’hui, observée sur l’île de Noirmoutier. Une étude menée en 2019 dans le cadre du LIFE Sallina, a montré la présence d’uniquement 5 stations de Lestes. Les deux principales stations sont localisées sur la Réserve Naturelle Nationale des Marais du Müllemboug et le marais des Oudinières, deux sites faisant l’objet de mesures de conservation. En 2019, près de 1500 individus ont été dénombrés.

Dans le Marais breton, ce Leste n’est actuellement connu que dans la commune de La Barre-de-Monts avec 300 individus observés en 2011. Actuellement sur le Marais breton, la situation est qualifiée stable à décroissante.

En Loire-Atlantique, la dernière observation de l’espèce remonte à 2007 sur le secteur des marais salants de Careil-Mouzac à Guérande. Elle n’a depuis pas été observée malgré des recherches menées en 2019 dans le cadre de l’étude du LIFE Sallina sur les fossés de ceinture.

Objectifs de conservation / menaces / actions prévues dans le LIFE

Le Leste à grands stigmas est grandement menacé par la disparition de son habitat. Pour les scirpaies développées sur d’anciennes salines en déprise, une remise en connexion brutale avec le réseau salé est défavorable à la fois pour la plante et pour les larves de Leste. De même, le passage en eau douce ne convient pas à l’espèce. Les conditions optimales de salinité sont donc difficiles à trouver. D’autres menaces pèsent sur l’espèce comme le surpâturage qui fait décliner les scirpaies ou encore la prolifération des espèces exotiques envahissantes et l’usage de pesticides.

Plusieurs actions sont prévues dans LIFE afin d’améliorer les connaissances sur l’espèce et le milieu auquel elle est inféodée. La première est une étude d’amélioration des connaissances qui visera à cartographier et caractériser les scirpaies sur l’île de Noirmoutier. Cette étude consistera également à refaire un état des lieux des effectifs de Leste sur l’île. Les préconisations issues de cette étude pourront être transposées sur d’autres territoires où le milieu est encore présent afin de favoriser leur recolonisation par l’espèce.

En parallèle, la Communauté de Communes de l’île de Noirmoutier mènera également un suivi du Leste et des Odonates en général sur l’ensemble des sites pilotes du LIFE sur l’île de Noirmoutier. L’ensemble de ce travail permettra à terme d’améliorer l’état des connaissances sur les conditions de vie du Leste afin de favoriser les actions de conservation de l’espèce.